Delphine Varlet, 37 ans, s’est formée à l’IFSI de Gonesse et Sandra Marques, 27 ans, à l’IFSI de Pontoise. Depuis cinq ans, la première travaille à l’Unité d’accompagnement parents-bébé (UAPB) et la seconde en tant que puéricultrice à la Plate-forme diagnostic autisme de proximité (PDAP).
Infirmières, une vocation ?
Pour Delphine Varlet, c’était une évidence. « Ma mère est laborantine. J’avais très envie de travailler dans les hôpitaux, prendre soin des gens, je sentais que j’avais quelque chose à y faire. » Attirée par le domaine de l’enfance, Delphine Varlet travaille douze ans en néonatalogie, à Gonesse, avant de participer à la création de l’Unité d’accompagnement parents-bébé, en 2018. Sandra Marques a elle aussi commencé à Gonesse, en poste à mi-temps au Centre d’action médicosociale précoce (CAMSP) et à la Plateforme diagnostic autisme de proximité (PDAP). « Je ne sais pas si j’avais la vocation d’infirmière, plutôt une envie d’accompagner des familles avec enfants. Ce que m’apporte le métier de puéricultrice était ce que je cherchais dans ma vie professionnelle. »
Leurs deux unités ont été créées en même temps. Destinée aux petits de zéro à trois ans et à leurs parents, l’unité d’accompagnement parents-bébé permet de créer du lien. « Les enfants peuvent avoir des troubles, des retards dans les étapes clefs du développement, mais il faut que les parents en soient conscients et demandent de l’aide pour mettre en place des soins et que cela évolue », déroule Delphine Varlet. La PDAP, de son côté, effectue des diagnostics chez les patients de zéro à 18 ans. « Notre mission est de répondre à la question : est-ce que les particularités de développement chez l’enfant et l’adolescent font partie du spectre de l’autisme ? Je me charge de la coordination du parcours des familles, nous sommes leur fil rouge », explique Sandra Marques.
Quelle vision du métier ?
« Le rôle des infirmières en pédopsychiatrie est assez récent, décrypte Sandra Marques. « Nous sommes là pour donner du sens aux prises en charge, pour créer la continuité : les familles nous appellent plus facilement », renchérit Delphine Varlet. Mais ce n’est pas tout : « Ici, je dois me souvenir que chaque personne est singulière. Je reprends goût à prendre soin, d’une autre façon, et ce, en dehors de tout protocole », ajoute Delphine Varlet. Surtout, les deux infirmières œuvrent dans une spécialité, la pédopsychiatrie, où « on nous laisse le temps de prendre le temps, la place pour bien faire notre travail ». Une vraie richesse. Si cet aspect était primordial pour Sandra Marques depuis le début, il est venu en chemin pour Delphine Varlet. « Les dernières années, en néonatalogie, nous faisions des retours à domicile pour des enfants que l’on soignait depuis des mois et ils revenaient une semaine après dans un autre service. Le lien mère enfant a commencé à me questionner. Ici, nous amenons les parents à réfléchir et les accompagnons vers ce qui pourrait faire évoluer l’enfant ; c’est un travail de longue haleine où on respecte le temps des familles. C’est un travail qui s’ancre, nous les aidons pour toute la vie, mais aussi pour les autres enfants, ceux qui viendront après. »
Quel avenir ?
Si les deux infirmières comprennent parfaitement « les professionnels qui partent », aucune des deux n’a l’intention de quitter l’hôpital. Sandra Marques estime avoir encore beaucoup à apprendre à la PDAP, grâce au dynamisme des équipes : « Il y a toujours de nouveaux projets, des choses à construire ». Quant à Delphine Varlet, elle caresse un projet spécifique : « Je voudrais monter un projet de balnéobébé, qu’ils puissent se détendre. Ils subissent beaucoup, notamment les dépressions et l’anxiété des mères en grande précarité ou migrantes. Ils sont plongés là-dedans, quotidiennement. Mais c’est ici que je veux le faire. »