Elles ont respectivement 29 et 24 ans. Begun Basoglu et Catarina Lopes Dos Santos travaillent toutes les deux au sein de l’Unité de soins intensifs neuro-vasculaire (USINV). La première est infirmière depuis six ans et a été formée à l’Institut de soins infirmiers (IFSI) de Strasbourg. La deuxième travaille depuis trois ans, après avoir étudié à l’IFSI de Gonesse.
Infirmière, une vocation ?
Begun Basoglu et Catarina Lopes Dos Santos sont formelles. Pour elles, le métier d’infirmière est une vocation. « On connaît les conditions de travail, salariales avant de commencer. Moi, je sais que c’était fait pour moi », souligne Catarina Lopes. « Mon papa est tombé malade et j’ai découvert le métier d’infirmière comme ça. Je me suis tout de suite sentie très à l’aise », se souvient Begun Basoglu. En travaillant à l’unité de soins intensifs neuro-vasculaires, qu’elles ont choisi par amour « de l’adrénaline », les infirmières se partagent entre soins intensifs et neurologie. « Nous suivons le patient dans tout son parcours », précise Catarina Lopes. « C’est le deuxième service de l’hôpital où il y a le plus de décès, c’est psychologiquement très difficile : il y a beaucoup d’AVC, des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, ou encore le syndrome de Guillain-Barré, sans oublier les tumeurs du cerveau, les glioblastomes », énumèrent-elles. Heureusement, elles travaillent dans « une super équipe. C’est vraiment un point clef : nous avons à peu près la même mentalité, nous nous parlons tout le temps », raconte Begun Basoglu.
Quelle vision du métier ?
Pour autant, elles savent pourquoi elles font ce métier « stimulant », un savant équilibre entre « le cérébral, le relationnel et le soin ». Begun Basoglu se sent « utile et satisfaite » après une journée passée à l’hôpital, car elle a « contribué à aider » un patient, une famille. « C’est un métier où l’on a besoin de reconnaissance. J’aime quand on me dit merci et je l’assume. Que ce soit les patients, les collègues, la hiérarchie. Ça me donne de la motivation », poursuit la jeune femme. Plus tard, elles y ont déjà pensé : « Je voulais absolument entrer dans le public, car il y a plein de possibilité d’évolution de carrière et surtout d’accès aux formations. J’ai toujours prévu de devenir cadre de santé, malgré la difficulté, car nous sommes médiateurs entre la direction et les équipes », se souvient Begun Basoglu. Pour Catarina Lopes, « il y a des possibilités pour toutes les personnalités. On peut balayer plein d’univers. Dans quelques années, je me verrais complètement face à une classe, ça reste du relationnel. Ou alors cadre de santé. »
Quel avenir pour ce métier ?
Face à la crise des vocations, elles sont convaincues que « le métier d’infirmière sera toujours essentiel », notamment de par son caractère « fondamentalement humain », comme le formule Begun Basoglu. Et puis la crise de la Covid est passée par là, qui a permis une revalorisation salariale. Même si elles trouvent « choquant qu’il ait fallu ça pour que l’Etat se dise : les infirmières ont le droit d’être payées comme les autres. Nous avons des factures à payer, comme tout le monde. Et nous avons de grosses responsabilités. » Malgré tout, Begun Basoglu reste « confiante : s’il y a une baisse des vocations, c’est un passage qui ne va pas durer. Il y a une évolution : avant le métier d’infirmière était très sacrificiel et hiérarchisé, aujourd’hui, c’est moins le cas ». Catarina Lopes va plus loin, encore : « C’est un métier qui prend sa place, alors qu’il n’en avait jamais vraiment eu avant : on attendait de la dévotion de notre part. Les choses changent. »