Entretien avec le Dr Arnaud PAUWELS, chef de pôle et chef du service hépato-gastro-entérologie
Avec plus de 43 000 cas par an en France (une personne sur 20 en sera atteinte au cours de sa vie), le cancer colorectal (CCR) est le second cancer chez l’homme après celui de la prostate et chez la femme après le cancer du sein. C’est une maladie grave avec un taux de mortalité qui atteint 40% mais que l’on peut guérir si elle est dépistée précocement.
En quoi consiste la prise en charge de cette maladie à l’hôpital ?
Devant des symptômes digestifs à caractère inquiétant ou après un test de dépistage positif, le médecin traitant nous adresse directement le patient en consultation de gastroentérologie. Le diagnostic nécessite la réalisation d’une coloscopie, le plus souvent en ambulatoire.
Après confirmation par la biopsie, un bilan complémentaire (scanner) est effectué pour préciser le stade du cancer. Le dossier du patient est ensuite présenté et discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) où sont présents tous les acteurs médicaux de la prise en charge du CCR : cancérologues, chirurgiens, radiothérapeute, spécialistes d’organe, radiologue, anatomopathologiste, équipe mobile de soins et d’accompagnement.
En fonction du stade du cancer, de l’âge et des antécédents médicaux du patient, et en accord avec les référentiels nationaux, une proposition thérapeutique est faite, qui peut être par exemple une intervention chirurgicale en cas de cancer localisé ou une chimiothérapie en cas de cancer métastatique. Des stratégies thérapeutiques multimodales, avec recours séquentiel à la chimiothérapie, à la radiothérapie en cas de cancer du rectum, et à la chirurgie, peuvent être également envisagées.
Comment cette maladie peut-elle être dépistée et prévenue ?
Plus la maladie est diagnostiquée précocement, plus les chances de guérison seront grandes. Or le CCR se développe le plus souvent à partir d’un polype (tumeur bénigne). Il s’agit d’une surélévation à la surface de la muqueuse colique qui peut grossir et se transformer en cancer (tumeur maligne) après 5 à 10 ans d’évolution. Cette petite lésion peut présenter des micro-saignements invisibles à l’oeil nu mais détectables par un test.
Depuis 2008, il existe en France un dépistage organisé du CCR pour les personnes âgées de 50 à 74 ans. Un courrier leur est adressé tous les deux ans les invitant à prendre rendez-vous avec leur médecin traitant afin que celui-ci leur remette le test et leur en explique les modalités de réalisation.
Sur 100 personnes testées, 3 à 5 auront un test positif. Il leur sera alors proposé de faire une coloscopie. Dans environ 5 à 10% des cas, cette coloscopie diagnostiquera un cancer à un stade précoce permettant un traitement efficace et curateur. Mais surtout, dans 50 à 60% des cas, elle montrera un ou des polype(s) qui seront enlevés au cours de la coloscopie, permettant de prévenir une évolution vers le cancer.
Quels sont les facteurs de risque de survenue de ce cancer ?
Des apports alimentaires insuffisants en légumes et en fruits, un excès de viande rouge ou transformée (charcuteries), la consommation d’alcool et de tabac, ainsi que la sédentarité, le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque de survenue d’un CCR. Ainsi une bonne hygiène de vie associant la pratique régulière d’une activité physique, une alimentation équilibrée, une consommation d’alcool très modérée et l’absence de tabagisme, combinée à un dépistage régulier par test à partir de l’âge de 50 ans, permet de réduire de façon très sensible son risque personnel de CCR.